Les formations à distance existent depuis bien longtemps pour répondre à des problématiques initiales telles que l’incapacité de se déplacer, à accéder au milieu scolaire pour des raisons physiques, géographiques ou financières. Ou bien encore à l’inadaptation de certaines structures de formation à certaines personnes. Mais aussi à la reprise d’études en parallèle ou en complément d’une activité professionnelle. Les premières seraient apparues en 1728 avec les cours par correspondance de Caleb Phillips dans la gazette de Boston. Elles sont depuis le moyen d’accéder au savoir autrement. En France, c’est en 1877 que l’institut d’Eyrolles ouvrit ses portes en tant que premier organisme de formation à distance. Et c’est déjà en situation de crise, en 1939, que les fondements du CNEPC (première appellation du CNED) apparurent.
Si dans un premier temps, ces enseignements s’articulèrent autour de supports écrits, avec le développement de la technologie et des nouveaux moyens de communication, ils s’orientèrent ensuite vers des supports audios, puis audiovisuels. En effet, c’est en 1948 qu’apparurent les premiers cours radiophoniques aux Etats-Unis, grâce au « mariage » de John Wilkinson et de la chaîne NBC. La même année naitra, en France, Radio Sorbonne, suivie 5 ans plus tard par les cours audiovisuels de l’université de Houston. Au vu de la réussite et de l’engouement pour ce type d’enseignement, le gouvernement britannique fonda en 1969 l’Open University pour dispenser l’apprentissage de toute sorte de matières (des sciences humaines à la technologie en passant par les mathématiques ou les langues). Mais si les formats et les supports évoluèrent, nous étions toujours sur un apprentissage univoque car il n’y avait aucun échange entre l’enseignant et l’auditoire.
Il est toujours bon de rappeler que parfois, l’innovation n’est pas vraiment ce qu’elle paraît être et que de nombreux concepts que l’on vante comme étant issus de la transformation digitale ou des cerveaux des GAFAM et autres start-up, existent et fonctionnent dans la réalité depuis des décennies …
Arrive la 3ème révolution industrielle : celle d’internet. Son ancêtre, Arpanet, naissant en 1969, on s’aperçoit que le « TIME TO MARKET » a pris quelques années pour se déployer auprès du grand public dans les années 90. Et que le domaine de l’enseignement évolue à son tour logiquement voire, depuis quelques années, se disrupte. On peut considérer les prémices de cette nouvelle ère de la formation à distance, en 1994, avec le premier séminaire diffusé sur internet par l’université de Pennsylvanie. Puis en 1997, avec la création de Téluq (la télé-université du Québec). Mais c’est surtout en 1999 que naquirent des outils comme eCollege et Blackboard : des logiciels conçus pour des établissements d’enseignement à distance. Et c’est en 2001 avec le développement et la popularisation d’internet, qu’apparurent les forums, les chats et qu’une plateforme comme Moodle s’imposa. Permettant ainsi les interactions en ligne entre les apprenants (et le web 2.0, le WEB SOCIAL). Ce qui marqua un vrai tournant, avec les premières appellations « d’université ouverte ». Les termes, vocables, wording ont toujours énormément de sens historique …
C’est en 2008 dans la bouche de Dave Cormier qu’apparut pour la première fois le terme de MOOC. Acronyme signifiant : Massive Online Open Course (cours ouvert en ligne au plus grand nombre). Formulation utilisée au sujet du premier enseignement en ligne interactif. Celui de Siemens et Downes en rapport avec le thème suivant : « connectivism and connective knowledge ». Le principe était lancé : il s’agissait bien d’un enseignement à distance, gratuit et permettant bien plus que de la curiosité. Puisqu’il permettait d’obtenir une formation qualifiante et reconnue. En 2009 il fut même possible de trouver trois cours d’universités françaises en accès sur ITunes pour la première fois. Mais il fallut attendre 2013, en France, pour que le MOOC créé par Rémi Bachelet, s’agissant de la « gestion de projet » pour l’école centrale de Lille, devinsse le premier diplôme certifié.
La voie fut ouverte et bien évidemment les initiatives se développèrent en ce sens. Arrivèrent alors, en 2011, Udacity et Coursera : des plateformes capables de proposer de vrais parcours d’enseignement permettant de se former intégralement dans une filière. Mais il fallut attendre 2 ans en France pour qu’une initiative du gouvernement se mette en place F.U.N. (France Université Numérique) en 2013. Si l’engouement est bien là, c’est qu’au-delà de fournir des formations diplômantes, ces nouveaux types d’enseignements ont rendu l’apprenant acteur de sa formation. Non seulement dans son choix, plus ouvert en termes de thématiques et de géographie ou de disponibilité (puisqu’internet n’a pas de frontière, ni d’heure de fermeture), mais aussi et surtout dans les interactions qu’il peut avoir avec les enseignants et ses co-apprenants. Des élèves venant de milieux, d’horizons et même de pays très divers. Ce qui rend ces enseignements d’autant plus riches mais aussi redonne de l’égalité des accès aux formations et des chances de réussite : une connexion, un ordinateur ou un mobile suffisent pour accéder aux enseignements !
L’enseignement à distance a donc pris en quelque sorte ses racines dans une période de crise : la deuxième guerre mondiale … nous pourrions faire un parallèle avec la crise sanitaire mondiale que nous venons de traverser et qui a vu une ruée de tout un chacun vers le besoin de connaissance (« nous sommes en guerre » nous a t-on dit aux 4 coins du monde). S’il faut savoir raison garder, il est évident que le confinement auquel nous avons été contraints nous a déconnecté de nos réalités quotidiennes tout en nous connectant d’autant plus à internet (relire « Un roi sans divertissement » de Jean Giono … « Un roi sans divertissement renvoie à la phrase qui clôt le roman et que Giono emprunte aux Pensées de Pascal : « un roi sans divertissement est un homme plein de misères » WIKIPEDIA ). Quand l’intéraction humaine nous a été interdite en dehors de notre foyer familial, nous nous sommes naturellement tournés vers les réseaux, plateformes, média, contenus qui ont permis de maintenir un lien social et satisfaire ce besoin vital (cf pyramide de Maslow).
En cela, le Covid19 a été une nouvelle fois un accélérateur formidable à la mise en place de solutions de substitution dans une « meilleure version de nous mêmes ». Car c’est bien en période de crise que l’on doit se réinventer le plus, le mieux et le plus vite. Aussi, de nombreux supports ont-ils vu le jour, ou se sont-ils améliorés, pour permettre à chacun de garder un lien avec les autres : collègues, collaborateurs, managers, amis, proches et familles. D’ailleurs la palette devient large, très large. Qu’il s’agisse des formats : nous avons les MOOC, les webinars, le e-learning, les podcasts, le micro-learning, les tutoriels. Qu’il s’agisse des plateformes avec les outils collaboratifs : Teams, Webex, Zoom, Messenger Room, LiveStream, Youtube, Itunes, Deezer … Chacun a dû s’adapter, s’équiper, se former et revoir ses façons de communiquer. Les enseignants ont dû adapter leurs supports de cours, mais aussi leur manière de pratiquer pour maintenir l’intérêt des étudiants et solliciter les interactions. Les élèves ont dû faire preuve de concentration et de discipline pour interagir. Les managers ont dû se former avant de former eux-mêmes leurs collaborateurs.
En effet, des formations à la formation, mais aussi des formations à l’utilisation des outils n’ont jamais été aussi indispensables. Le retour en arrière paraît dès lors compliqué, les usages sont pris, nous ne ferons pas machine arrière, nous avons tous pris la mesure des intérêts à pouvoir réduire les déplacements. Les dirigeants ont aussi compris les avantages de la situation et les moyens de vérifier la productivité de leurs collaborateurs, grâce au mode projet et au distanciel alors même que ces collaborateurs ne sont pas physiquement présents (merci les outils de tracking … ).
Les conséquences inévitables, c’est évidemment la prise de conscience de la rupture technologique et des différences de maturité face au digital (entreprises, collaborateurs) et donc l’urgence de procéder à cette fameuse « transformation digitale » (effectivement, une entreprise qui a dématérialisé certains de ses process et communique via son site internet depuis 15 ans n’a pas pour antant mis en oeuvre véritablement sa transformation digitale … elle peut même en être loin …)
TRANSFORM PEOPLE TO TRANSFORM BUSINESS : vous l’avez donc compris, la première étape de la transformation, c’est l’humain, les équipes et le premier levier, la formation.
Les entreprises ne réussiront pas leur passage dans la NEXTECONOMY sans prendre tous leurs collaborateurs par la main et en mettant tout le monde au même niveau, et bien sûr vers le haut, et en cela les Millenials ont une vraie place à prendre dans les entreprises, par exemple grâce au « Reverse Mentoring » … dirigeants, pensez-y …
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